A reasonable certainty…
Avec une raisonnable certitude … c’est en ces termes que la SEC (U.S. Securities and Exchange comission, autrement dit le gendarme de Wall Street) formalise la manière dont les compagnies pétrolières doivent calculer leurs réserves d’hydrocarbures.
Mais ces réserves, si elles constituent bien la vraie richesse de ces compagnies, ne sont pas tranquillement stockées dans une citerne de l’arrière cours. Elles sont dans le sous-sol – du moins on l’espère !- et on va les en extraire –au moins on va essayer. Leur calcul va donc nécessiter preuves, hypothèses, comparaison, discussion et consolidation. Foreur, géophysiciens , géologues , ingénieurs réservoirs, producteurs , financiers et hommes de lois , tout le monde y va de sa petite estimation.
Et dans ce domaine personne n’a le monopole de l’incertitude : si l’on comprends pourquoi estimer l’extension d’un réservoir sous-terrain sur une espèce d’échographie (le profil sismique) n’est pas une science exacte, on s’aperçoit aussi très vite que des paramètres comme la productivité des puits ou le prix du baril dans trois ans sont tout aussi incertains. Et quand on sait que le chiffre de réserve donné servira à décrire le véritable portefeuille de la société , donc sa réelle perspective d’avenir auprès des banques et des marchés, on comprend que la SEC pour les sociétés cotées à New-York, ou d’autres organismes régulateurs, s’attachent à contrôler leur mode de calcul et recommandent …d’être raisonnables !.
On a vu dans un passé proche des compagnies dévaloriser subitement et massivement certain de leurs projets – changement de méthode de calcul !- et l’action en bourse de suivre le même mouvement. Et l’on imagine dans ce secteur comme dans les autres, ce à quoi peuvent être prêts certains pour leur cotations. On peut aussi se poser la question de la fiabilité des chiffres avancés par certaines compagnies nationales : il s’agit là bien souvent d’exprimer par là même, la puissance du pays. Reserve par champs, par zone, par pays… on arrive vite à la question, mondiale et fondamentale, de l’avenir énergétique de notre société : combien de réserves encore devant nous, pour quelle production et à quel prix, donc en bref : du pétrole jusqu’à quand ? Calculer avec une raisonnable certitude pour une gestion sage de la mutation énergétique que nous laissons à nos enfants?!
Mais revenons à notre estimation de base. Des règles se sont développées ces dernières années – abus, scandale, prise de conscience – et des méthodes se mettent au point (convergence des normes SEC et SPE). Chaque compagnie affine de plus ses méthodes. Le calcul des réserves de chaque projet permet avant tout , de correctement dimensionner et développer celui-ci. Réserves prouvées, boursières, économiques, projet. Le calcul devient de plus en plus complexe, et plus que de cette amusante raisonnable certitude prônée par les financiers anglo-saxons, c’est de compétence métier et de bon sens que l’on a besoin. Bon sens technique pour les foreurs comme les financiers. Bon sens physique pour les producteurs et les ingénieurs. Bon sens géologique enfin pour les géologues et géophysiciens. Car ceux-ci, s’appuyant sur une expérience et une raison naturaliste, seront les garants, non pas d’une raisonnable certitude, mais d’une incertitude maitrisée.
SEC Proved oil and gas reserves definitions: Proved oil and gas reserves are the estimated quantities of crude oil, natural gas, and natural gas liquids which geological and engineering data demonstrate with reasonable certainty to be recoverable in future years from known reservoirs under existing economic and operating conditions, i.e., prices and costs as of the date the estimate is made.